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des deux Indes.

titres ſont écrits ; c’eſt-là que l’Angleterre a déchiré de ſa main le contrat qui nous uniſſoit à elle. Oui. Au moment où l’Angleterre a tiré le premier coup de fuſil contre nous, la nature elle-même nous a proclamés libres & indépendans.

Profitons du bienfait de nos ennemis. La jeuneſſe des nations eſt l’âge le plus favorable à leur indépendance. C’eſt le tems de l’énergie & de la vigueur. Nos âmes ne ſont point encore entourées de cet appareil de luxe qui ſert d’otage à la tyrannie. Nos bras ne ſe ſont point énervés dans les arts de la molleſſe. On ne voit point dominer parmi nous cette nobleſſe qui, par ſa conſtitution-même, eſt l’alliée néceſſaire des rois ; qui n’aime la liberté que lorſqu’elle en peut faire un moyen d’oppreſſion ; cette nobleſſe avide de droits & de titres, pour qui dans les tems de révolutions & de criſe, le peuple n’eſt qu’un inſtrument, pour qui le pouvoir ſuprême eſt un corrupteur tout prêt.

Vos colonies ſont formées d’hommes, ſimples & courageux, d’hommes laborieux & fiers, propriétaires à la fois & cultivateurs de leurs terres. La liberté eſt leur