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des deux Indes.

à l’échange des priſonniers, de peur d’augmenter dans les troupes, le penchant de ſe rendre à la première ſommation. On la vit réduite à la néceſſité d’ériger des tribunaux chargés de pourſuivre les généraux ou leurs lieutenans qui abandonneroient trop légèrement les poſtes confiés à leur vigilance. Il eſt vrai qu’un vieillard de quatre-vingts ans, qu’on vouloit renvoyer dans ſes foyers, s’écria : Ma mort peut être utile ; je couvrirai de mon corps un plus jeune que moi. Il eſt vrai que Putnam dit à un royaliſte ſon priſonnier : Retourne vers ton chef, & s’il te demande combien j’ai de troupes, réponds-lui que j’en ai aſſez ; que quand il parviendrait à les battre, il m’en reſteroit encore aſſez ; & qu’il finira par éprouver que j’en ai trop pour lui & pour les tyrans qu’il ſert. Ces ſentimens étoient héroïques ; mais rares, & chaque jour ils devenoient moins communs.

Jamais l’ivreſſe ne fut générale ; & elle ne pouvoit être que momentanée. De toutes les cauſes énergiques qui produiſirent tant de révolutions ſur le globe, aucune n’exiſtoit dans le nord de l’Amérique. Ni la religion, ni les loix n’y avoient été outragées. Le ſang