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des deux Indes.

nuiſibles qu’indécentes. Le peu qui reſtoit de citoyens appeloient à grands cris un nouveau Pitt, un miniſtre qui comme lui n’eût ni parens ni amis : mais cet homme extraordinaire ne ſe montroit pas. Auſſi penſa-t-on aſſez généralement que ce peuple ſuccomberoit, malgré la fierté de ſon caractère, malgré l’expérience de ſes amiraux, malgré l’audace de ſes hommes de mer, malgré l’énergie que doit acquérir une nation libre dans les ſecouſſes qu’elle éprouve.

Mais l’empire du haſard eſt bien étendu, Qui ſait pour quel parti les élémens ſe déclareront ? Un coup de vent arrache ou donne la victoire. Un coup de canon déconcerte une armée entière par la mort d’un général. Des ſignaux, ou ne ſont pas entendus, ou ne ſont pas obéis. L’expérience, le courage, l’habileté ſont croisés par l’ignorance, par la jalouſie, par une trahiſon, par la certitude de l’impunité. Une brume qui ſurvient & qui couvre les deux ennemis, ou les sépare, ou les confond. Le calme & la tempête ſont également favorables ou nuiſibles. Les forces ſont coupées en deux par l’inégale célérité des vaiſſeaux,