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des deux Indes.

indigos, leurs fers, leurs tabacs & leurs pelleteries. Ils lui livroient ce que le reſte du globe leur avoit donné d’argent & de matières premières, en échange de leurs bois, de leurs grains, de leur poiſſon, de leur riz, de leurs ſalaiſons. Cependant la balance leur fut toujours ſi défavorable, que lorſque les troubles commencèrent, les colonies devoient cent vingt ou cent trente millions à leur métropole ; & qu’elles n’avoient point de métaux en circulation.

Malgré ces déſavantages, il s’étoit ſucceſſivement formé dans le ſein des treize provinces une population de deux millions neuf cens quatre-vingt un mille ſix cens ſoixante dix-huit perſonnes, en y comprenant quatre cens mille noirs. L’oppreſſion & l’intolérance y pouſſoient tous les jours de nouveaux habitans. La guerre a fermé ce refuge aux malheureux : mais la paix le leur rouvrira ; & ils s’y rendront en plus grand nombre que jamais. Ceux qui y paſſeront avec des projets de culture n’auront pas toute la ſatiſfaction qu’ils ſe ſeront promiſe ; parce qu’ils trouveront les bonnes terres, les médiocres même, toutes occu-