Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/48

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cens perſonnes à cheval, qui gardent un ſilence, un recueillement, conformes à l’eſprit de la cérémonie qui les raſſemble. Une choſe qui paroitra ſingulière, c’eſt que les Penſilvains, ennemis du luxe pendant leur vie, oublient à la mort ce caractère de modeſtie. Tous veulent que les triſtes reſtes de leur exiſtence paſſagère, ſoient accompagnés d’une pompe proportionnée à leur état ou à leur fortune. On remarque, en général, que les peuples ſimples, vertueux, ſauvages même & pauvres, ſont attachés aux ſoins de la sépulture. C’eſt qu’ils regardent ces derniers honneurs comme des devoirs, & ces devoirs comme une portion du ſentiment d’amour, qui lie étroitement les familles dans l’état le plus voiſin de la nature. Ce n’eſt pas le mourant qui exige ces honneurs ; ce ſont les parens, une épouſe, des enfans, qui rendent ces devoirs à la cendre chérie d’un père ou d’un époux dignes d’être pleurés. Les convois funèbres ſont toujours plus nombreux dans les petites ſociétés que dans les grandes, parce que s’il y a moins de familles, elles ſont beaucoup plus étendues. Il y règne plus d’union, plus