Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/60

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marchands ou de laboureurs. Mais ſi vous les tourmentez, ou les vexez, ou les gênez, ils s’enfuiront, & vous laiſſeront leurs terres en friche, leurs manufactures délabrées, leurs magaſins déſerts. Ils s’en iront cultiver & peupler une nouvelle terre ; ils feront le tour du monde, & mourront en chemin, plutôt que de vous égorger ou de vous obéir. Qu’aurez-vous gagné, que la haine du genre-humain & l’exécration des ſiècles à venir ?

Puiſſé-je ne m’être pas trompé dans tout ce que je viens de dire, & n’avoir pas pris le ſouhait de mon cœur pour un décret de la vérité ! Le ſeul ſoupçon que j’en ai dans ce moment m’afflige. Heureuſe & ſage contrée, ſubirois-tu donc un jour la funeſte deſtinée des autres, & ſerois-tu ravagée, ſubjuguée comme elles ? Loin de moi un preſſentiment capable d’ébranler, dans mon eſprit, la plus conſolante des vérités ou des illuſions : c’eſt qu’il exiſte une providence qui veille à la conſervation des bons ! Loin de ma mémoire la multitude innombrable des événemens qui ſemblent dépoſer contre elle.