Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/103

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i, et à une certaine personne particulière. Car ce qui est injuste, est tel envers tous. Mais une injure peut toucher un autre, sans me toucher aussi. Elle ne regarde quelquefois aucun particulier, mais seulement le public. Il y en a où le public, ni le particulier, n’ont rien à dire, mais où Dieu seul est offensé. C’est proprement la force du pacte et le transport du droit, qui fait qu’une certaine personne, plutôt qu’une certaine autre, reçoit une injure. De là vient qu’en toutes les villes du monde, la police laisse aux particuliers la liberté de rompre, au de faire exécuter la teneur des contrats. Mais les dommages publics, les infractions des lois politiques, ne sont pas laissés de même : car Les larcins, les meurtres et les autres crimes ne sont pas punis selon la volonté de ceux contre qui ils ont été commis, mais selon les lois établies. De sorte qu’une injure ne peut être faite à quelqu’un, qu’après qu’on lui a cédé quelque droit. »


V. Ces noms de juste et d’injuste, comme aussi ceux de justice et d’injustice, sont équivoques : car ils signifient choses diverses, suivant qu’on les attribue aux personnes ou aux actions. Quand on les applique aux actions justes, juste signifie le même que fait à bon droit, et injuste, tout au contraire de l’équité. Celui qui a fait quelque chose justement est nommé innocent, et ne mérite pas pour cela seul le titre de juste ; com­me celui qui a commis une injustice est nommé coupable,