Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

brocards et des railleries, qui ne font rien à la question, ni à l’exercice de leur judicature, si est-ce que ces personnes-là violent la loi de nature, et doivent être tenues pour outrageuses.


XIII. Il n’appartient pas à l’état de nature, mais à celui de la politique, de vuider la question de la dignité et du mérite entre deux hommes qui disputent de la préférence, ni même ce n’est pas une chose qui tombe en question dans l’état de nature : car j’ai fait voir ci-dessus, chapitre premier, article III, que naturellement tous les hommes sont égaux entre eux ; et par ainsi, que toute l’inégalité qui règne maintenant parmi eux, et qui se tire des richesses, de la puissance, ou de la noblesse des maisons, vient de la loi civile. Je sais bien qu’Aristote, au livre premier de ses politiques, établit com­­me un fondement de toute cette science, qu’il y a des hommes que la nature a faits dignes de commander, et d’autres qui ne sont propres qu’à obéir : comme si la qualité de maître et de serviteur n’était pas introduite du consentement des hommes, mais par une disposition, ou par une imperfection naturelle. Mais ce fondement, outre qu’il est contre la raison, l’expérience aussi lui est toute contraire. Car il n’y a person­ne si stupide, qui ne s’estime assez capable de se conduire, et qui aime mieux se laisser gouverner à quelque autre. Et s’il fallait que les plus forts et