Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/113

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égales, que de leur attribuer choses égales ; sans laquelle condition rien ne les forçait de se réunir en une société civile ? Or par ces choses égales, que je veux qu’on distribue entre des égaux, je n’entends que des proportionnées. L’observation de cette loi se doit nommer modestie, et l’infraction est un certain dérèglement de pensées qui produit l’avarice, l’insolence, et tous ces autres vices qui ne regardent point la mesure et la modération de la modestie.


XV. La dixième loi de nature commande à chacun de rendre la justice avec une distribution égale de faveur aux deux parties. Par la loi précédente, il est défendu que nous nous attribuions plus de droit de nature, que nous n’en accordons aux autres. Nous pouvons nous en réserver moins, si bon nous semble, et c’est quelque­fois un effet de modestie. Mais quand il s’agit de distribuer le droit à autrui, cette loi-ci nous défend de favoriser l’un plus que l’autre : car cela est contre l’égalité naturelle, et l’on fait tort à celui que l’on postpose par ce mépris qu’on témoigne de sa personne. Or est-il que cette force d’outrage heurte la loi de nature, comme je l’ai déjà prouvé. L’obser­vation de cette loi se nomme équité, et quand on l’enfreint, on tombe dans l’acception des personnes.


XVI. Je recueille la loi onzième de cette précédente. Il se faut servir en commun (s’il se