Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans une ruine certaine, et se donneraient en proie à ceux qui se moquent du bon sens et de la justice. Il ne faut donc pas esti­mer que la nature, c’est-à-dire la raison, nous oblige à mettre en œuvre * toutes ces maximes, en cet état où les autres hommes méprisent de les pratiquer. Cependant, nous ne laissons pas d’être tenus à conserver une disposition intérieure de les mettre en usage, toutes fois et quantes que leur pratique nous conduira apparemment à la fin qu’elles se proposent. Et ainsi il faut conclure que la loi de nature oblige toujours devant le tribunal, comme on parle, de la conscience : mais non pas toujours en l’exté­rieur, si ce n’est lorsque cela peut se faire en toute sûreté, et sans en encourir de danger.


Remarque :

  • [Toutes ces maximes.] Voire parmi ces lois il y en a, desquelles l’omission en l’état de nature vaut mieux (pourvu qu’elle ait pour but la paix et la conservation propre) que si on les observait ponctuellement. En ces occasions, enfreindre la loi de nature, c’est en être le protecteur. Celui qui emploie toutes sortes de moyens contre ceux qui font le même, qui ôte à ceux qui ravissent, ne fait rien contre la justice. Au contraire, pratiquer en temps de guerre ce qui serait tenu en temps de paix pour une action de modestie et de modération, c’est commettre une lâcheté, et se trahir soi-même. Mais il y a de certaines lois naturelles, dont l’exercice ne cesse point, mê