Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/157

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dont chacune a son franc arbitre et peut donner son jugement particulier sur les matières proposées. Et bien que, par des contrats particuliers, chacun possède ses droits et quelque propriété des choses dont il peut s’attribuer la possession ; il n’y a rien pourtant dont toute la multitude puisse dire légitimement, comme si elle était une personne distincte de quelque particulier, cela m’appartient plutôt qu’à un autre. Il n’y a aucune action qui doive être attribuée à la multitude comme sienne propre : mais si elle a été faite du consentement de tous ou de plusieurs, l’action ne sera pas comptée pour une seule, et il y aura autant d’actions qu’il y a eu de personnes. Car, encore qu’on ait accoutumé de dire en une grande sédi­tion, que le peuple d’une ville a pris les armes, il n’est pourtant vrai que de ceux qui ont effectivement les armes en main, et de ceux qui leur adhèrent : à cause que la ville, qui, toute en corps, est considérée comme une seule personne, ne peut pas prendre les armes contre soi-même. Quand donc la multitude a fait quelque chose, il faut entendre comme si elle avait été faite par chacun de ceux qui composent cette multitude. Mais si parmi ce nombre il s’est trouvé quelque particulier qui n’a point prêté son consentement, ni sa main à une action, il ne faut pas qu’elle lui soit imputée. D’ailleurs une multitude qui n’est pas encore