Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/187

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qu’il n’est pas jusqu’au moindre artisan qui n’ait voix délibérative et qui ne puisse intervenir, s’il lui plaît, en la résolution des plus grandes affaires ; ou bien il n’y en entre qu’une partie. D’où se forment trois sortes d’États ; l’une en laquelle la puissance souveraine est donnée à une assemblée, où chaque bourgeois a droit de suffrage, et que l’on nomme démocratie ; la deuxième, en laquelle cette même puissance est laissée à un conseil, auquel n’entrent pas tous les sujets : mais quelques-uns tant seulement, et on la nom­me aristocratie ; la troisième, en laquelle toute l’autorité est conférée à une seule personne et à laquelle on donne le titre de monarchie. En la première espèce, c’est le peuple qui gouverne ; en la deuxième, ce sont les nobles ou les principaux de l’État, et en la dernière, le monarque tient les rênes de l’empire.


II. Quelques vieux auteurs politiques ont voulu introduire trois autres espèces de gouvernements opposées à celles que je viens d’établir ; à savoir, l’anarchie ou la confusion, qu’ils opposaient à la démocratie ; l’oligarchie ou le gouvernement de peu de personnes, qu’ils opposaient à l’aristocratie et la tyrannie dont ils faisaient oppo­sition à la monarchie. Mais ce ne sont pas là trois sortes de gouvernements séparés : car, après tout, ce ne sont que trois noms différents que leur donnent ceux à qui la forme de l’État déplaît, ou