Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/195

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que les autres en feront de même, comme si chacun disait à son voisin : « Je transfère mon droit à l’État pour l’amour de vous, afin que vous lui résigniez le vôtre pour l’amour de moi ».


VIII. L’aristocratie, c’est-à-dire la cour des nobles ou des principaux de l’État, qui gouverne avec une puissance absolue, tire son origine de la démocratie qui lui a fait transaction de son droit. En quoi on suppose que certains personnages de réputation, ou de naissance illustre, ou que quelque autre qualité rend remarquable, sont proposés au peuple qui, donnant ses suffrages, les élit à la pluralité des voix ; de sorte qu’après cette élection tout le droit du peuple ou de l’État passe à eux ; et leur conseil de peu de personnes a la même autorité qu’avait auparavant l’assemblée générale de tous les membres de la république. Ce qui étant, il appert que le peuple qui leur a transféré sa puissance, ne subsiste plus comme s’il représentait une seule personne.


IX. Or, de même qu’en la démocratie, le peuple n’est obligé à rien, aussi en l’aris­to­cratie le conseil d’État demeure entièrement libre. Car, puisque les particuliers ne traitant pas avec le peuple, mais seulement entre eux, se sont obligés à tout ce que le peuple voudra ; ils sont tenus de ratifier la transaction de l’autorité publique que ce même peuple a faite aux principaux de l’État. Et il ne faut pas penser que cette assem­blée des notables, ou cette cour