Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un corps régulier qu’en vertu de cette souveraine puissance dont il s’est dessaisi.


XII. D’où je recueille cette conséquence, que le monarque ne s’est obligé à person­ne en considération de l’empire qu’il en a reçu : car il l’a reçu du peuple, qui cesse d’être une personne dès qu’il a renoncé à la puissance souveraine ; et la personne étant ôtée de la nature des choses, il ne peut point naître d’obligation qui la regarde. Ainsi donc les sujets doivent rendre toute sorte d’obéissance à leur roi, en vertu seulement du contrat par lequel ils se sont obligés d’obéir à tout ce que le peuple ordonnera, puisque cette promesse comprend l’obéissance que ce même peuple commande ensui­te de rendre au monarque qu’il met sur le trône.


XIII. La royauté est différente de l’aristocratie et du gouvernement populaire, en ce que ces deux dernières sortes ne demandent que certain temps et certain lieu où l’on prenne les résolutions publiques, c’est-à-dire, où l’on exerce actuellement la puissance souveraine ; mais la royauté délibère et conclut en tous temps et en tous lieux, sans jamais interrompre le cours de sa charge. La cause de cette différence est prise de ce que ni le peuple, ni les principaux de l’État ne sont pas un corps naturel, mais un tout composé de l’assemblage de plusieurs parties détachées. Là où le monar­que étant un en nombre, se trouve