Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/208

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promise. Il reste que je dise quelque chose de la domination naturelle, nommée despotique en termes de l’École, comme si l’on disait seigneuriale, et de laquelle on acquiert l’usage par les forces et la puissance naturelle. Et d’abord il faut rechercher par quels moyens c’est qu’on obtient le droit de seigneurie sur une personne. Car, ce droit étant acquis, on exerce une certaine espèce d’empire, et le maître devient un petit monarque. Vu que la royauté n’est autre chose qu’une domina­tion plus étendue, et qu’une seigneurie sur un grand nombre de personnes : de sorte qu’un royaume est comme une famille fort ample, et une famille est comme un petit royaume. Afin donc que je prenne mon raisonnement du plus haut que je pourrai, il faut que nous rebroussions vers le premier état de nature et que nous considérions les hommes comme s’ils ne faisaient maintenant que de naître, et comme s’ils étaient sortis tout à coup de la terre, ainsi que des potirons. De cette façon, ils n’auront aucune obligation les uns aux autres et nous trouverons ensuite qu’il n’y a que trois moyens par lesquels on puisse acquérir domination sur une personne. Le premier est lorsque quelqu’un, pour le bien de la paix et pour l’intérêt de la défense commune, s’est mis de son bon gré sous la puissance d’un certain homme, ou d’une certaine assemblée, après avoir convenu de quelques articles qui doivent être observés réci­pro­quement. C’est