Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

partant qu’il faut tenir pour bien ce que le législateur a ordonné et pour mal ce qu’il a défendu. Or toujours le législateur est celui qui a la souveraine puissance dans l’État, c’est-à-dire, le roi dans une monarchie. Ce que j’ai confirmé au chapitre xi, article VI, par les paroles de Salomon. Car, s’il fallait suivre comme bien et fuir comme mal ce qui semblerait tel aux particuliers, à quoi faire, dirait-il : tu donneras à ton serviteur un cœur intelligent, afin qu’il puisse juger ton peuple et discerner entre le bien et le mal ? Puis donc que c’est aux rois à discerner entre le bien et le mal, ce sont des discours fort injustes, quoique fort ordi­naires, Que le roi est celui qui fait mieux que les autres, qu’il ne faut point obéir au roi s’il ne commande des choses justes et semblables. Avant qu’il y eut des gouverne­ments dans le monde, il n’y avait ni juste, ni injuste, parce que la nature de ces choses est relative au commandement qui les précède, et que toute action est de soi-même indifférente. Sa justice ou son injustice viennent du droit de celui qui gouverne : de. sorte que les rois légitimes rendent une chose juste en la commandant, ou injuste, lorsqu’ils en font défense. Et les personnes privées, en voulant prendre connaissance du bien et du mal, affectent de devenir comme des rois, commettent un crime de lèse-majesté et tendent à la ruine de l’État. Le plus ancien des commande­ments de Dieu est celui que