Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/271

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Ceux qui ne prendront pas garde à cette distinction, tomberont dans la nécessité de pécher toutes fois et quantes qu’on leur commandera quelque chose d’illicite, ou qui leur paraîtra telle : car ils agiront contre leur conscien­ce s’ils obéissent, ou contre le droit s’ils sont réfractaires. S’ils trahissent leur con­science, ils feront voir qu’ils ne craignent guère les peines de la vie à venir et s’ils se bandent contre le droit, ils renverseront en tant qu’en eux est la société humaine et la vie civile, qui est l’âme du siècle où nous sommes. Cette opinion donc, que les sujets pèchent, lorsqu’ils font les commandements de leur prince qui leur semblent injustes, est erronée et se doit mettre au nombre de celles qui choquent le respect et l’obéis­san­ce politique. Or, elle dépend de cette erreur originelle que j’ai combattue en l’article précédent, à cause que par le jugement que nous donnons sur le bien et le mal, nous faisons que notre obéissance et que notre désobéissance devien­nent des péchés.


III. La troisième maxime séditieuse est un rejeton de la même racine, qu’il est permis de tuer un tyran. Voire il se trouve aujourd’hui dans le monde quelques théo­lo­giens qui soutiennent, et c’était jadis l’opinion de tous les sophistes, de Platon, d’Aristote, de Cicéron, de Sénèque, de Plutarque et des autres fauteurs de l’anarchie grecque et romaine, que non seulement il est licite, mais que