Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/277

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qui ont renoncé au sens commun, est presque infini. Or, cette erreur est née de certains fanatiques écervelés qui, à force de lire la Sainte Écriture, en ont retenu quantité de passages, lesquels ils enfilent dans leurs sermons hors de propos et sans aucune suite, de sorte qu’encore que leur discours ne signifie rien, les idiots ne laissent pas de s’imaginer qu’il y a là-dedans une éloquence divine ; car il semble, je ne sais comment, qu’il y a quelque chose de divin aux paroles dont on ne voit point la raison, et alors celui qui parle paraît inspiré divinement.


VII. Le septième dogme contraire au bien de l’État est, que chaque particulier a la propriété de son bien et une seigneurie absolue sur ce qui est de son domaine. J’entends une propriété telle que non seulement elle exclut le droit de tous autres, mais aussi celui de l’État, en ce qui regarde la chose dont il s’agit. Cela ne peut pas être vrai, car celui qui reconnaît un seigneur au-dessus de soi, ne peut pas avoir un domaine absolu, comme je l’ai prouvé au huitième chapitre, art. V. Or, est-il que l’État est, selon l’accord passé, au-dessus de tous les particuliers. Avant qu’on se fût rangé sous le joug de la société civile, personne ne jouissait d’aucune propriété de droit, et toutes choses appartenaient à tous. D’où est-ce donc que vous avez recouvré cette propriété, si ce n’est de l’État ? Et d’où l’a eu l’État, si ce n’est que