Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/338

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premier sens, la défense s’adresse à tout le monde ; mais au dernier, elle ne regarde que ceux qui se soustraient à la peine. Au premier sens, la partie vindicative de la loi n’oblige point le coupable, mais bien le magistrat à en prendre vengeance ; au deuxième, le criminel est obligé de procurer lui-même sa punition ; ce qu’il ne lui est pas bien possible d’exécuter, si les peines sont grièves ou capitales. Il dépend du souverain de déterminer en quel de ces deux sens il faut prendre la loi. Lors donc qu’on est en doute de son interprétation, puisque nous sommes assurés qu’on ne pèche point en s’abstenant d’une certaine action, ce sera un péché que de la commettre, quelque explication que l’on puisse ensuite donner à la loi. Car, doutant si une action est mauvaise, et pouvant vous en abstenir, c’est témoi­gner quelque mépris de la loi que de se hasarder de la faire ; et ainsi, par l’article XXVIII du chapitre III, ce sera un péché contre la loi de nature. C’est pourquoi j’estime fort inutile la distinction de l’obéissance en active et passive, comme s’il était possible d’expier par des peines que les hommes ont inventées, ce qui est péché contre la loi de nature, qui est celle de Dieu même ; ou comme si ceux-là ne faillaient point, qu’ils faillent à leur propre dommage.