Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/351

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dedans de l’âme, se peuvent réduire aux paroles et aux actions et par conséquent tout culte consiste en l’une de ces deux choses. L’une et l’autre se rapporte à trois sortes d’effets, dont le premier est la louan­ge, par laquelle on prêche hautement la bonté d’une personne ; le second s’occupe à publier partout la puissance qu’elle a dans l’état des affaires présentes, ce qui est pro­pre­ment priser et que l’on peut nommer l’estime d’une personne. Le troisième révè­le son bonheur par la considération du ferme établissement de sa puissance, qui n’a rien à craindre, et d’où on la juge et on la fait passer pour bienheureuse. Chacune de ces trois sortes d’honneur ne consiste pas, comme j’ai dit, tant seulement en paro­les, mais il faut en regarder aussi les actions. Nous louons en paroles, lorsque nous tenons des discours avantageux, et que nous avançons des propositions, ou dogma­tiquement et avec grande affirmation, nous attribuons à une personne des titres qui servent grande­ment à la faire honorer de tout le monde, comme si nous disions qu’elle est sage, vaillante et libérale. Nous louons par nos actions, toutes fois et quantes qu’elles marquent la supposition de quelque qualité recommandable et qu’elles don­nent occa­sion de tirer quelque bonne conséquence ; ainsi par les remerciements, nous faisons connaître la bonté d’une personne ; par notre soumission, nous faisons éclater sa puissance ; et dans nos