Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/382

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Car, ils s’étaient soumis à Dieu simplement, avant qu’à Abraham ; et à celui-ci, avant qu’au Dieu d’Abraham en particulier ; comme aussi à ce dernier auparavant qu’à Isaac. De sorte qu’aux sujets d’Abraham il n’y avait que ce seul crime, de nier l’existence et la providence de Dieu, qui fût de lèse-majesté divine ; mais en leurs descendants ce fut aussi un crime de cette nature, que de nier le Dieu d’Abraham, c’est-à-dire, que de servir Dieu d’une autre façon qu’elle n’avait été instituée par ce père des croyants, à savoir sous des images faites de main d’homme * (selon le style de I’Écriture) comme le pratiquèrent les autres nations, qui à cause de cela furent nommées idolâtres. Et jusque-là les sujets purent assez aisément discerner ce qu’ils avaient à faire ou éviter dans les commandements de leurs princes.


Remarque :

  • [Sous des images faites de main d’homme.] « Voyez chapitre XV art. XIV où j’ai montré qu’un tel culte est déraisonnable. Mais s’il est pratiqué par le com­mandement d’un État, qui ne connaît ni ne reçoit point de parole de Dieu écrite, j’ai fait voir au chap. XV art. XVIII que ce service-là est raisonnable. Au reste, là où Dieu règne par une alliance contractée, où il est expressément défen­du de l’adorer de cette sorte, comme il est porté dans celle dAbraham, la chose est toujours criminelle, quelque commandement que l’État en fasse. »