Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/428

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la foi réciproque qu’ils se sont promise par l’ordonnance de l’État. Aussi, par ce commandement, Tu ne déroberas point, toute sorte d’invasion n’est pas défen­due, ni ce n’est pas toujours un larcin que d’emporter quelque chose clandestine­ment, mais seulement d’emporter celle qui appartient à autrui. Si bien qu’il n’est commandé au citoyen, que de ne pas prendre ou envahir ce qui est défendu par la république, et en général de ne nommer homicide, adultère, ou larcin, si ce n’est ce qui est fait contre les lois civiles. Enfin, Christ ayant commandé à chacun d’honorer son père et sa mère, sans avoir prescrit en quelle manière, avec quels titres, par quel­les cérémo­nies, et dans quelle sorte d’obéissance : il faut entendre qu’il a voulu qu’on les honorât intérieurement de l’acte de la volonté, comme rois et seigneurs de leurs enfants, et qu’en l’extérieur de la révérence on ne passât point les bornes que le public a mises, auquel seul il appartient d’assigner à chacun l’honneur qu’il doit rece­voir, de même que les autres choses qu’il doit posséder. Puis donc que la nature de la justice consiste en ce qu’elle rende à chacun ce qui lui appartient, il est manifeste que c’est aussi à la république chrétienne à déterminer ce que c’est que justice et qu’injus­tice, et ce qui pêche contre le droit. Or, quand on dit qu’une chose appartient à l’État, il faut enten­dre que l’on veut dire à celui, ou à ceux qui en ont en main la souveraine puissance.