Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/439

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aidée, lorsqu’on la profère de diverses particularités, qui rendent l’intelli­gence des conceptions qu’elle veut exprimer plus aisée. Le temps, le lieu, le visage, le geste, le dessein de celui qui parle, la liberté qu’il a d’employer sur-le-champ divers termes dont il juge qu’il se fera mieux entendre, donnent un merveilleux avantage à celui qui discourt. Mais nous manquons de toutes ces choses dans les écrits du vieux temps ; et ce n’est pas l’ouvrage d’un esprit médiocre, que d’en réparer adroitement le défaut. Il est nécessaire d’apporter à cela une profonde érudition, une exacte connais­sance de l’Antiquité, et pour le dénouement de mille difficultés qui se rencontrent, il faut avoir une adresse toute particulière. De sorte qu’il ne suffit pas pour interpréter les Écritures d’entendre la langue en laquelle elles sont écrites. Tous ceux aussi qui font des commentaires ne méritent pas dès là d’être mis au rang des interprètes canoniques de l’Écriture sainte : car, tous les hommes du monde sont sujets à faillir et peuvent la tourner vers leur ambition, ou la tordre pour la faire servir à leurs préjugés, quelque répugnance qu’elle y apporte ; d’où il s’ensuivrait qu’il faudrait tenir comme parole de Dieu une opinion erronée. Or, encore bien que cela peut ne pas arriver, tou­te­fois incontinent après la mort de ces commentateurs, leurs commentaires auraient besoin d’explication, et par la suite du temps, qui obscurcit les plus claires matières, ces