Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/446

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avec raison mettre le pied en quelque lieu, si l’État qui en est le seigneur ne le lui permet. Mais il faut que ce qu’on n’a pas droit d’entreprendre sans la permission publique, se fasse par autorité du magistrat, s’il n’y a rien en cela qu’on n’entreprenne légitimement. Certainement l’Église universelle est un corps mystique dont Christ est le chef ; mais, de même que tous les hommes ensemble qui, reconnaissant Dieu com­me le souverain maître du monde, ne composent qu’un seul royaume et une seule forme d’État, sans toutefois qu’ils soient une seule personne, et qu’ils aient une simple action ou une volonté commune. D’ailleurs, il se voit manifestement que, là où Christ est dit le chef du corps de l’église, l’apôtre l’a entendu des élus qui, tandis qu’ils vivent dans ce monde, ne sont une église qu’en puissance (comme on parle) parce qu’elle ne subsistera actuellement qu’après la séparation d’avec les réprouvés, lorsque les fidèles seront rassemblés des quatre bouts de la terre au dernier jour du jugement. L’église romaine a été autrefois fort étendue ; mais elle ne passa point les bornes de l’empire et ne put point aussi être nommée universelle, si ce n’est en Ce sens qu’on a dit autrefois de la république romaine,


Déjà du monde entier le Romain était maître. Orbem jam totum victor Romanus habebat.


bien qu’il n’en possédât qu’environ la vingtième