Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/455

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que d’un crime que l’on avoue. Il faut donc que celui qui se repent ne dénie pas l’action qu’il a commise, et qu’il reconnaisse qu’elle est vicieuse, c’est-à-dire, qu’elle est contre la loi. De sorte que si quelqu’un pense que ce qu’il a fait n’est pas contre la loi, il est impossible qu’il s’en repente. Donc il est nécessaire qu’on fasse une application des crimes à la loi, avant qu’on en puisse être touché de repentance. Mais comment faire cette application à la loi, s’il n’y a quelqu’un qui l’interprète ; car, ce ne sont pas les paroles ni le texte de la loi, mais le sens et la volonté du législateur qui doivent servir de règle à nos actions. Or, les interprètes de la loi sont ou un certain homme, ou plusieurs ; parce que nous ne pouvons pas être juges nous-mêmes en notre cause, ni définir s’il y a du péché ou non en ce que nous avons fait. Si bien qu’il faut s’en rapporter à une tierce personne, ou à plusieurs, qui connaissant de notre procédé, nous tirent du doute dans lequel nous sommes s’il est bon ou mauvais. Mais en user de cette sorte, c’est pratiquer, à mon avis, ce qu’on doit nommer proprement la confession. Après quoi, si l’interprète de la loi juge que l’action ne vaut rien et qu’elle est un péché, et si le coupable acquiesce à ce jugement, délibérant en soi-même de ne plus tomber dans la même faute, c’est là vraiment que gît la repentance. D’où je con­clus, que jamais la vraie repentance ne précède, mais qu’elle suit toujours la confes­sion.