Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/460

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pour leur salut. Et l’effet, quant au temporel, en était, que l’excommunié non seulement était exclu des assemblées, et de la participation aux sacrés mystères, mais que chacun des autres chrétiens le fuyait, comme si la conversation eût été conta­gieuse, et en faisait moins d’estime que d’un infidèle. Ce qui paraît bien en la défense que l’apôtre fait de manger avec eux, là où il permet de se mêler avec les païens, 1. Corinthiens 5. 10. 11. Puis donc que tel est l’effet de l’excommunication, il est mani­feste, premièrement, que la république chrétienne ne peut point être excom­muniée : car elle n’est point distinguée de l’église, et elle a la même étendue, comme je l’ai fait voir ci-dessus en l’article 21. Or, est-il que l’église ne peut point être excommuniée en effet, ou elle s’excommunierait soi-même, ce qui est impossible ; ou elle serait excommuniée par une autre église, et celle-ci devrait être universelle ou particulière. Mais la catholique n’étant pas une personne (ainsi que je l’ai démontré article 22) et par conséquent n’ayant aucune action, ne peut pas pratiquer contre quelque autre l’excommunication. Et une église particulière n’avance rien quand elle en excommu­nie une autre, vu que n’ayant aucune communion avec elle, c’est en vain qu’elle lui interdit son assemblée. De vrai, si quelque église particulière, comme par exemple celle de Jérusalem, en eût excommunié une autre,