Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/462

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ne peuvent point interdire les lieux publics ou privés à leur prince, encore qu’il soit infidèle, ni lui refuser l’entrée d’aucune assemblée, ni l’empêcher de faire tout ce que bon lui semblera dans les terres de son domaine. Ma raison est, qu’en toute république bien policée, c’est un crime de lèse-majesté à un homme privé, ou à quelque nombre qu’il y ait de sujets, de vouloir usurper aucune autorité sur le corps de l’État. Or, est-il que ceux qui entreprennent sur celui qui a la souveraine puissance, font le même que s’ils atten­taient à l’État. De plus, un prince souverain, s’il est chrétien, a ceci par-dessus les autres, que l’État, dont la volonté est contenue dans la sienne, est même chose que ce que nous nommons l’église ; si bien que celle-ci n’excommunie personne que par son autorité. Or, le prince n’a garde de s’excommunier soi-même et par conséquent, il ne peut pas être excommunié par ses sujets. A la vérité, il peut bien arriver qu’une troupe de sujets rebelles et traîtres prononcent avec félonie que leur prince souverain est excommunié ; mais cela sera contre tout ordre et toute raison. Encore moins peut-il être qu’un prince en excommunie un autre qui n’est pas son vassal et qui ne relève point de lui ; car ce ne serait pas là une excommunication, mais plutôt une déclaration de la guerre qu’il lui dénoncerait par cet outrage. En effet, puisqu’il ne se forme pas une seule église des sujets de deux États souverains, faute (comme je l’ai dit ci-dessus