Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/464

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expliquer par ses écrits le sens des doctrines qu’il en tire ; mais en ce que personne n’a droit d’agir ou d’enseigner autre­ment que son avis ne porte : si bien que l’interprétation dont je parle en cet endroit, est même chose que la puissance de définir et de prononcer sur toutes les controverses qui doivent être décidées par la sainte Écriture. Maintenant, il faut que je montre que cette autorité appartient à chaque particulière église et qu’elle dépend de l’autorité de celui ou de ceux qui gouvernent absolument, pourvu qu’ils soient chrétiens.

Car, si elle ne dépendait pas du civil ou temporel, il faudrait qu’elle dépendît de la fantaisie des particuliers, ou de quelque puissance étrangère. Mais il y a bien des inconvénients, et des absurdités, dont la conséquence serait infaillible, qui empêchent que ce droit ne soit accordé aux personnes privées. L’une des principales est, que non seulement toute l’obéissance civile due au magistrat serait ôtée (ce qui est contre le commandement de Christ), mais que toute la société humaine et la tranquillité que nous y recherchons seraient de fond en comble renversées, au grand préjudice des lois naturelles. En effet, chacun se mêlant d’interpréter la sainte Écriture pour son usage particulier, c’est-à-dire, chacun s’établissant juge de ce qui est agréable à Dieu et de ce qui lui déplaît, personne ne peut obéir aux souverains, qu’il ne considère et ne juge premièrement si les