Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/474

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faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, cette difficulté s’est élevée, comment c’est que l’on peut leur rendre sans danger une telle obéissance, s’il leur échoit de commander quelque chose que Christ ait défendue ? La cause de cette difficulté vient de ce que Dieu ne parlant plus à nous de vive voix par Christ ni par ses prophètes, mais par les Saintes Écritures, qui sont diversement reçues par diverses personnes, on entend bien ce que les rois et les conciles ordonnent ; mais on ne sait pas si ce qu’ils commandent est contraire à la parole de Dieu. D’où il arrive que les hommes, flottant dans l’incer­titude, et ne sachant à qui obéir, entre les appréhensions d’une mort éternelle et la crainte de perdre la vie présente, comme entre Scylla et Charybde, tombent souvent en ces deux écueils funestes. Mais ceux qui savent bien distinguer les choses nécessaires au salut d’avec celles qui ne le sont pas, ne peuvent point être agités de ce doute. Car, si les commandements du prince ou de l’État sont tels qu’on peut leur obéir sans préjudice du salut éternel, ce serait une injustice que de leur refuser obéis­sance, et en cette occasion, il faut mettre en usage le précepte de l’apôtre, Col. 3. 20. 22. Serviteurs, obéissez en toutes choses à ceux qui sont vos maîtres selon la chair. Enfants, obéissez à vos pères et mères en toutes choses, et le commandement de Christ, Matth. 23. verset 2. Les scribes et pharisiens sont en