Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/480

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en cette judicieuse manière. Que si nous ne pouvons pas nous ressouvenir de ce qu’on entend au vrai par ces termes-là, et qu’il nous semble tantôt que c’est une chose, et tantôt que c’en est une autre, alors notre certitude est une opinion, et ne passe pas les bornes de la vraisemblance. Par exemple, si l’on a proposé que deux et trois font cinq ; et si, repassant en notre mémoire l’ordre des noms qui servent à exprimer les nom­bres, nous trouvons que par le commun consentement de ceux qui sont de même langue (comme par une certaine convention nécessaire à la société humaine) il est ainsi ordonné, que le mot de cinq sera le nom de ces unités qui sont contenues dans les deux nombres de deux et de trois pris ensemble ; si, à cause de cela, dis-je, nous avouons que la proposition, deux et trois font cinq, est vraie, le consentement que nous lui donnerons méritera le titre de science. Et au fond, savoir cette vérité n’est autre chose que reconnaître que nous en sommes les auteurs. Car, de même qu’il a dépendu de notre fantaisie de nommer le nombre de 2 deux, celui de 3 trois, et celui de 5 cinq, le langage étant de l’invention des hommes ; aussi nous sommes demeurés d’accord, de notre propre mouvement, que cette proposition serait vraie, deux et trois joints ensemble font cinq. Pareillement si nous nous souvenons ce que c’est qu’on nomme larcin, et ce que c’est qu’injure, nous saurons