Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/500

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C’est à la même fin que se rapporte le privilège d’interpréter les Écritures ; car celui à qui il appartient de décider les controverses qui peuvent naître des diverses expositions des Écritures, a le pouvoir de terminer absolument toutes les disputes. Or, celui qui a une telle autorité, a sans contredit un grand empire sur tous ceux qui reconnaissent les Écritures saintes pour la vraie parole de Dieu. A cela même tend la question touchant la puissance de remettre et de retenir les péchés, ou touchant le pouvoir d’excommunier. Car il n’y a personne, s’il ne manque de sens commun, qui n’obéisse absolument à celui duquel il croit que dépende son salut, ou sa damnation éternelle. C’est à cela même que regarde la puissance d’instituer des ordres et des sociétés : car ceux qui entrent dépendent du fondateur, puisque c’est par lui qu’ils subsistent, et il a autant de sujets qu’il y a de moines qui embrassent sa religion, quoiqu’ils demeurent dans une république enne­mie. C’est à cela que vise la question du juge de mariages légitimes, parce que celui à qui il appartient de juger de ces matières, doit connaître aussi des causes qui concernent les héritages et les successions en tous les biens et droits, non seulement des particuliers, mais aussi des plus grands princes. A cela même tend en quelque façon le célibat des ecclésiastiques, car ceux qui ne sont pas liés par le mariage, sont moins