Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/515

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En effet, d’où nous vinrent il y a quarante ans en ces Provinces, les surnoms de Gomaristes et d’Arminiens ; et d’où naissent aujourd’hui en France ceux de Jansénistes et d’Arnaudistes parmi les catholiques romains, ou parmi les nôtres ceux de Salmuriens et Amyralistes, si ce n’est de quelques petites distinctions inventées sur des matières difficiles, à la gloire des auteurs, plutôt qu’à celle de Dieu, ni qu’à l’édification des fidèles, ou au bien de l’église ? Car de quel exemple sont, je vous prie, toutes ces subtilités et quel scandale ne donnent-elles pas aux Juifs et aux Maho­métans, qui se moquent de nos divisions, au lieu qu’ils devraient admirer notre bonne intelligence ?

Iterumque et iterum, scindimurque discordes,
Ridente Turca, nec dolente Judœo.


Je m’assure que les personnes judicieuses qui considéreront sérieusement ce que je viens de toucher, n’approuveront pas le dessein qu’a eu M. Hobbes de nous porter à une mutuelle tolérance et de couper chemin à toutes les disputes. Et ainsi je pense qu’on me tirera du blâme d’avoir mal employé la peine que j’ai prise en cette version ; comme s’il n’était pas expédient que le peuple fût instruit d’une chose qui le concerne de plus près que les doctes, puisque c’est de lui particulièrement que les gens de lettres se jouent, et dont ils aigrissent les esprits pour satisfaire leur ambition.

Mais je ne puis souffrir la malignité de ceux, à la mauvaise langue desquels il ne tient pas, que les plus grands hommes de ce siècle ne nous suppriment, par une juste indignation, les lumières dont ils tâchent de nous éclairer.