Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/66

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parce qu’ils en ignorent les avantages. Et de là il appert que, puisque les hommes sont enfants lorsqu’ils naissent ; ils ne peuvent pas être nés capables de société civile ; et que plusieurs (ou peut-être la plupart) par maladie d’esprit, ou par faute de discipline, en demeu­rent incapables toute leur vie. Cependant les uns et les autres, les enfants et les adultes, ne laissent pas de participer à la nature humaine. Ce n’est donc pas la nature, mais la discipline qui rend l’homme propre à la société. D’ailleurs encore que l’homme désirât naturellement la société, il ne s’ensuivrait pas qu’il fût né sociable, je veux dire, avec toutes les conditions requises pour la contracter : il y a loin d’un mouvement de désir, à une solide capacité de quelque chose. Ceux-là mêmes dont l’orgueil ne daigne pas de rece­voir Les justes conditions, sans lesquelles la société ne saurait être établie, ne laissent pas de la désirer, et de porter quelques-unes de Leurs pensées à ce d’où le dérèglement de leur passion les éloigne. »


Remarque :

  • [Mais d’une crainte mutuelle.] « On m’a fait cette objection, que tant s’en faut que les hommes pussent contracter par la crainte mutuelle une société civile, qu’au contraire s’ils s’entre-craignaient ainsi, ils n’eussent pu supporter la vue des uns des autres. Il me semble que ces messieurs confondent la crainte avec la terreur et l’aversion. De moi, je n’entends, par ce premier terme, qu’une nue appréhension ou prévoyance d’un mal à v