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DE LA NATURE

de l’homme ſont les principes de ſes mouvemens volontaires, elles ſont auſſi les principes de ſes diſcours, qui ne ſont que des mouvemens de ſa langue. Les hommes deſirant de faire connoître aux autres les connoiſſances, les opinions, les conceptions, les paſſions qui ſont eu eux-mêmes, & ayant dans cette vue inventé le langage, ils ont par ce moyen fait paſſer tout le diſcours de leur eſprit, dont nous avons parlé dans le Chapitre précédent, à l’aide du mouvement de la langue dans le diſcours des mots. Et la raiſon (ratio n’est plus qu’une oraiſon (oratio) pour la plus grande partie, ſur laquelle l’habitude à tant de pouvoir que l’esprit ne fait que ſuggérer le premier mot, le reſte ſuit machinalement ſans que l’eſprit s’en mêle. Il en eſt comme des mendians lorſqu’ils récitent leur Pater-noſter, dans lequel ils ne font que combiner des mots de la maniere qu’ils l’ont appris de leurs nourrices ou