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prend ; la Compréhension n’est donc que la conception qui résulte du Discours. Par conséquent, si le Langage est particulier à l’homme (comme il le semble bien) la Compréhension lui est aussi particulière. D’où il s’ensuit qu’il ne peut y avoir de Compréhension des affirmations absurdes et fausses, lorsqu’elles sont universelles[1]. Beaucoup de gens pensent qu’ils comprennent, alors qu’ils ne font que répéter les mots[2] ou se les dire tacitement par cœur.

De ce que sont les formes de Langages qui désignent les Appétits, les Aversions et les[3] Passions de l’esprit humain, de leur usage et de leur abus je parlerai quand j’aurai parlé des Passions.

Les noms Inconstants. — En raison de ce que tous les hommes ne sont pas semblablement affectés par une même chose, ni le même homme à tous les moments, les noms des choses qui [nous affectent c’est-à-dire qui] nous plaisent [et qui nous déplaisent] ont [dans nos discours habituels] une signification inconstante. Puisqu’en effet les noms sont tous imposés pour signifier nos conceptions [et que toutes nos affections ne sont que des conceptions], quand on conçoit les mêmes choses différemment, il est difficile d’éviter de[4] les nommer différemment. Et bien que la nature de ce

    qui l’entend la pensée de la chose pour laquelle ce discours a été ordonné, on dit alors que celui-là comprend ».

  1. Le latin dit : « des affirmations fausses qui sont en même temps universelles » ; « easdemque universales ». Le texte latin me paraît mieux rendre l’exacte pensée de l’auteur que le texte anglais : « in case they be universall ». Pour Hobbes le mot absurde ne doit se rapporter qu’au général. Voir page 53.
  2. Le latin dit : « des mots entendus ».
  3. Le latin ajoute : « autres ».
  4. Le latin dit : « quand on ressent différemment les mêmes choses, il est souvent aussi (etiam saepenutnero) nécessaire de ».