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INTRODUCTION

Hobbes théoricien de la Connaissance scientifique.

Il serait, je crois, difficile d'obtenir de nos critiques contemporains qu'ils concèdent que Hobbes a tout autant contribué que Bacon et que Descartes à la grande renaissance intellectuelle du début du xviie siècle. À bien considérer pourtant la direction générale de la voie de progrès qui s'est ouverte alors à l'entendement humain, il paraît insuffisant de mettre sur le même rang ces trois grands philosophes. Pour donner dans cette question d'ordre historique une juste appréciation, il convient avant tout d'examiner si notre très grande admiration pour le génie de Descartes ne vient pas principalement de l'attirance que la métaphysique exerce toujours et malgré tout sur nos esprits, si notre complaisance que je crois vraiment excessive à l'égard de Bacon ne vient pas de ce qu'il reste à la portée de tous par la conception simple qu'il s'est faite de la science et des moyens d'y parvenir[1], s'expliquant

  1. Par ses préceptes, reflets d'idées qui d'ailleurs étaient alors fort répandues, et, beaucoup moins efficacement que Galilée par son exemple, Bacon n'a guère indiqué que les moyens de recueillir les matériaux de la Science il n'a pas essayé, à proprement parler, de montrer les moyens d'en construire l'édifice. Au surplus, quand il ne se borne pas à des conseils généraux, il aboutit d'ordinaire à préconiser des expériences sans intérêt, puériles ou même irréalisables. Toutes les critiques faites par Joseph de Maistres à sa philosophie ne portent pas à faux.