Page:Hobbes - Léviathan - Tome I.djvu/26

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vu cette unité de la Science ? Oui, sans aucun doute, on peut hardiment l'affirmer. C'est même à cela que tend directement toute sa doctrine de la connaissance scientifique. Il n'y a manifestement pour lui qu'une seule Science, c'est la Physique dont toutes les Sciences diverses ne sont que comme les parties d'un tout. Et, s'il ne s'attarde pas aussi longuement que notre habitude des développements modernes sur ce sujet peut nous le faire désirer à cette conséquence de ses prémisses, c'est sans doute qu'il la considère comme obligatoire et hors de discussion. En nous conduisant, par la seule déduction, des données acquises par l'observation et l'expérience, données encore bien peu nombreuses en son temps, à tant de vérités générales que nos investigations directes ne sont venues plus tard que confirmer, il a donné de l'unité de la Science la plus éclatante illustration.

De ce que la Science est la connaissance des causes et des effets conçus possibles, et non celle des causes et des effets réels, il résulte encore qu'elle doit nécessairement avoir une méthode d'acquisition essentiellement différente de celle de la simple connaissance des faits. La définition de Hobbes contient explicitement l'indication de cette méthode (la science est la connaissance, acquise par le droit raisonnement etc…).

De même que les objets de la Science, nous dirons ses matériaux premiers, sont les corps et leurs accidents, son instrument ne peut être en effet que la raison humaine. « La Philosophie dont j'entreprends de mettre en ordre les éléments, dit-il dans sa préface aux lecteurs du De Corpore, est fille de votre Intelligence et de l'Univers ». Mais, comme un terrain en jachère ne