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ne peut avoir dans l’esprit une Image de grandeur infinie[1], ni concevoir une vitesse infinie, un temps infini, une force infinie, une puissance infinie. Quand nous disons que quelque chose est infini, cela veut seulement dire que nous ne sommes pas capables d’en concevoir les extrémités et les limites que nous avens [non pas la Conception de la chose, mais] seulement la Conception de notre propre impuissance. Par conséquent, on se sert du nom de Dieu non pour le faire concevoir (car il est Incompréhensible, et sa grandeur et sa puissance sont inconcevables), mais pour que nous puissions l’honorer. De même, du fait que tout ce que nous concevons a été (, comme je l’ai dit plus haut,) perçu tout d’abord par les sens[2] [, soit d’un seul coup, soit par parties], personne ne peut avoir de pensée se rapportant à quelque chose[3] qui ne tombe pas sous les sens. On ne peut par conséquent concevoir une chose que située dans quelque lieu, présentant une grandeur déterminée, susceptible d’être divisée en parties ; mais non pas une chose qui soit tout entière dans un lieu et tout entière dans un autre au même moment ; ni davantage deux ou plusieurs choses pouvant être dans un seul et même lieu en même temps. Aucune chose de cette sorte ne tombe jamais ou ne peut jamais tomber sous les Sens[4] ce sont là des propos [absur-

  1. Le latin dit : « L’esprit humain ne peut pas saisir une image de grandeur infinie ».
  2. bv sense en anglais ; in Sensione (dans la sensation) en latin.
  3. « d’imagination de quelque chose » dit le latin.
  4. Le latin donne le passé « n’a été ou n’a pu être dans la sensation ».