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Peuples et de cinq seulement dans quelques autres, et, alors, on recommence[1]. Celui qui a à sa disposition dix noms de nombres, s’il les récite sans ordre s’égare et ne peut savoir quand il a fini[2]. Beaucoup moins est-il capable d’additionner, de soustraire et d’effectuer toutes les autres opérations d’Arithmétique. Ainsi donc, sans les mots, il n’est pas possible de calculer les Nombres, moins encore les Grandeurs, la Vitesse, la Force et tout ce dont le calcul est encore nécessaire à l’existence ou au bien-être[3] de l’humanité.

Quand deux Noms sont assemblés en une Conséquence ou Affirmation[4], comme par exemple : Un homme est une créature vivante[5], ou encore s’il y a homme, il y a créature vivante[5], si le dernier nom (Créature vivante)[5] signifie tout ce que le premier nom (Homme) signifie, alors l’affirmation ou conséquence est vraie ; en tout autre cas elle est fausse. Car le Vrai et le Faux sont des attributs du Langage[6] et non des Choses. Et là où il n’y a pas de langage[6], il n’y a ni Vérité ni Fausseté. Il peut y avoir Erreur quand on attend quelque chose qui ne doit point arriver ou quand on suppose avoir été ce qui n’a point été. Mais, [ni dans un cas, ni dans l’autre,] on ne peut être accusé de Fausseté.

  1. Le latin dit : « et à partir de cinq, on recommence ».
  2. Le latin dit : « et ne peut pas compter jusqu’à dix ».
  3. « necessary to the being, or well being of Mankind » en anglais ; « ad generis humani necessitatem vel adjumentum necessariæ ».
  4. Le latin dit « sont assemblés de telle sorte qu’il en résulte une affirmation ou conséquence ».
  5. a, b et c « Animal » en latin.
  6. a et b « Speech » en anglais ; « Oratio » en latin.