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rjrité sue, il me délivra la garde de l’abbaye et 4i bailla ses lettres. »

lEn 1307, Joinville fit bâtir la ville de Mon-

pil, au diocèse de Toul, et y construisit une

ille église, dédiée à la vierge Marie et à saint an-Baptiste, « à laquelle il assigna plusieurs lies rentes ». En 1311, Philippe le Bel étant à i paumont, Jean sire de Joinville, comme sé-

j-chalde Champagne, eut l’honneur de le servir

I table, et cette fois , conformément aux droits Itachés à sa charge , « il fut mis en possession B|:s écuelles ».

M Le caractère de Joinville, son amour pour son [jys, le souvenir de la loyauté et des vertus de ■tint Louis ne lui permirent pas de supporter ■lus longtemps les vexations fiscales , l’altéralon des monnaies et les mesures violentes et ■ •acassières de Philippe le Bel. Des révoltes lyant éclaté, Joinville, en sa qualité de sénéchal je Champagne, fit assembler en 1314 la notasse du pays, et s’opposa énergiquement aux ’sactionsdu roi; toutefois, ce qui fut décidé dans I i conférence resta sans exécution, le roi étant

iort cette même année. Dans ses Mémoires, en 

| arlant de la colère de Dieu qui poursuit les sauvais princes, Joinville s’écrie : « Que le roi ui règne à présent y prenne garde; car s’il ne l ’amende de ses méfaits, Dieu ne manquera I >as de le frapper cruellement dans sa personne | udans les intérêts de sa couronne. » Mais dès que Louis le Hutin fut monté sur le rône et qu’il eut accueilli les plaintes de ses suets’et signalé son règne par la suppression des ropôts créés par Philippe le Bel, Joinville cessa ion opposition. Mandé par le roi pour venir se oindre à lui et marcher contre les Flamands, révoltés , il n’hésita pas, quoique âgé de quatrevingt-dix ans, à se rendre à son appel, et vint en 1316 à Authie, près de Chàlons- sur-Marne, avec un chevalier et six écuyers. On a conservé la lettre qu’il écrivit au roi , dans laquelle il lui annonce qu’il ira rejoindre son bon seigneur dès qu’il aura réuni ses vassaux. L’excuse auprès du roi de s’être servi du terme de bon seigneur, expression familière dont il usait avec saint Louis, dut être agréable à son arrière-petitfils par le souvenir que rappelait cette marque d’affection du vieux chevalier.

En 1317, après avoir pris part à cette guerre, il était de retour à Joinville, et donnait la ceinture militaire à un roturier; il en avait obtenu l’autorisation de Philippe V dit le Long, qui succéda, en 1316, à son frère Louis le Hutin (1). Pendant sa longue carrière il vit le règne de six rois : Louis VIII, Louis IX, Philippe le Hardi, Philippe le Bel, Louis le Hutin, et Philippe V, dit le Long.

Il résulte de divers actes que le fils de Joinville, Ancel,Anceau ou Anselme, était revêtu du JOINVILLE 826

titre de sénéchal avant la fin de 1317, ce qui a donné lieu de croire que Joinville mourut cette année même, au retour de l’expédition contre les Flamands ; sa longue carrière se trouverait alors réduite de deux années.

Joinville fut marié deux fois : la première à Alaïs de Grand-Pré, dont les enfants mâles s’éteignirent sans postérité ; la seconde à Alix de Resnel, qu’il avait épousée peu après son retour de la première croisade de saint Louis. Jean, né du premier mariage de Joinville à l’époque de son départ pour la Terre Sainte, mourut avant son père, sans laisser d’enfants. Son autre fils Ancel, né de sa seconde femme, Alix de Resnel, épousa en secondes noces, l’an 1322, Marguerite, fille de Henri comte de Vaudemonl : c’est ainsi que le comté de Vaudemont se trouva réuni à la seigneurie de Joinville. Les compatriotes de Joinville , voulant éterniser par un témoignage public une mémoire si nationale, et que le temps rend de plus en plus vénérable pour tous les Français, ont, par une décision du conseil général de la Haute-Marne ( session d’août 1853), voté l’érection d’une statue de bronze à la mémoire du sire de Joinville, dans la ville qui porte son nom.

Des Mémoires de Joinville. — Dès le début de ses Mémoires , Joinville nous dit que c’est pour obéir aux instantes prières de Jeanne de Navarre, qui moult l’aimoit, qu’il a entrepris d’écrire l’histoire de saint Louis ; mais il ne la termina que quatre ans et demi après la mort de cette princesse, qu’il recommande à Dieu: ce fut donc à son fils Louis, dit le Hutin, qu’il la dédia. Le texte des manuscrits de l’histoire de Joinville porte : « Les choses que j’ai oralement veues et oyes ont été escrites l’an de grâce mille CCC et IX, au mois d’octobre (1). » De même que Ville-Hardouin, son compatriote, Joinville nous apprend qu’il a dicté ses Mémoires, probablement à quelque écuyer ou à son chapelain. Les hommes de guerre écrivaient peu ou même point alors : ils dictaient; écrire était le fait des clercs, et non des chevaliers. Ces deux guerriers champenois , qui vécurent à un demi-siècle de distance, s’offrent chacun dans leurs écrits sous un aspect tout particulier, ’qui nous retrace , comme dans un miroir, leur nature si diverse. Ville-Hardouin, plus énergique, plus positif, va droit au but sans jamais s’en détourner : c’est un homme d’État; pour lui la Grèce , Athènes , Thèbes , le Péloponnèse, sont une proieprésente et sans aucun souvenir. Quant il parle de lui , c’est qu’il y est obligé comme chef de l’armée , et c’est toujours à la troisième personne , ainsi que César dans ses Commentaires. Joinville, plus civilisé, plus aimable, plus curieux , s’informe de tout , s’intéresse à tout, aime à raconter ses impressions et ce qu’il a entendu dire; comme il écrit pour une femme, ’ (1) Les rots ne laissaient plus aux barons le plein pouvoir de conférer la chevalerie.

(1) La reine Jeanne de Navarre était morte dès 1304.