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LEGRAIN — LEGRAND

ans lorsqu’il perdit son père , qui était conseiller au Chàteiet. Ses études terminées , il fréquenta la cour, fut attaché à la personne de Henri IV, qui le choisit pour conseiller et maître des requêtes ordinaire de l’hôtel de la reine Marie de Médicis. 11 se démit de ses emplois pour écrire l’histoire de son temps ; mais sa franchise lui attira des tribulations. Il avait tant d’éloignement pour les jésuites qu’il défendit, par son testament, à ses descendants de leur confier l’éducation de leurs enfants. On a de lui : Décade contenant i 1 histoire de Henri le Grand, roi de France et de Navarre, IV e du nom, en laquelle est représenté létat de la France depuis le traité de Cambrai, en làb9,jtisques à la mort dudit seigneur, en 1610 ; Paris, 1614, in-fol. ; Rouen, 1633, in-4o ; — Décade commençant V histoire de Louis XIII e du nom, roi de France et de Navarre, depuis Van 1610 jusqu’en 1617 ; Paris, 1618, in-fol. Legrain a laissé en manuscrit : Troisième Décade, contenant l’histoire de France jusqu’à l’année 1640 ; in-fol. ; — Recueil des plus signalées Batailles, journées et rencontres qui se sont données en France et ailleurs par les armes des rois , depuis Mérouée jusqu’au roi Louis XIII, 3 vol. in-fol. ;— Discours sur les Syrènes ; — Discours sur le nombre Trois ; — Discours pour montrer que l’établissement d’un lieutenant général en un royaume est la totale ruine du loi et de l’État ; — un recueil contenant la chronologie des rois de France, des remarques sur ces princes et sur les enfants de France, les droits de ce royaume, les usages, etc., sur les empereurs et les consuls romains ; — un journal contenant la généalogie de sa famille, avec un récit des principaux événementsarrivés en France et dans les États voisins depuis 1 597 jusqu’à la majorité de Louis XIII inclusivement. « L’auteur, dit l’abbé Goujet, entre dans ce journal dans un grand détail de la mort de Henri IV, du supplice de Ravaillac, des vertus du prince défunt, et de ce qui suivit cette mort ; il y rapporte aussi assez au long la conspiration du maréchal de Biron, et les suites qu’elle eut, quelques pièces de poésie qu’il composa en 1592, à la louange de ce maréchal, qui n’avoit point encore conspiré contre ce prince, et une épitaphe qu’il fit pour le même après qu’il eut été décapité. « Legrain laissa en manuscrit un Brief Discours des Guerres civiles des Pays-Bas, dits la Flandre, depuis 1559 jusqu’en 1582, distingués par les gouvernements ; et une Consolation à M. le prince de Condé lors qu’il fut arrêté après la mort du maréchal d’Ancre. Tous ces manuscrits, acquis par l’abbé Goujet, avaient passé dans la bibliothèque du

duc de Charost.

J. V.

Abbé Goujet, dans le Grand Dict. Historique de Moréri, édition de 1759.


LEGRAND ou LEGRANT (Jacques), Jacobus Magnus, moraliste et prédicateur français, vivait au commencement du quinzième siècle. Il était né à Toulouse et non à Tolède , eomms l’ont prétendu certains biographes. 11 entra dans l’ordre des Augustins, et professa, dit-on , quelque temps la philosophie et la théologie à Pa«  doue. Il était en 1405 à Paris, où il se signala par la hardiesse "de ses prédications. Parlant devant la cour, le jour de l’Ascension , il osa s’élever contre la reine Isabeau de Bavière et 1«  duc d’Orléans, auxquels le peuple attribuait les malheurs publics. Son audace resta impunie, et fut même récompensée par le roi Charles VI, ’ qui était alors dans un intervalle de bon sens (1). Malgré ses attaques contre le duc d’Orléans, Legrand n’appartenait pas au parti du duc de Bourgogne, et après l’assassinat du duc d’Orléans , il s’attacha au jeune fils de ce prince. H fut chargé déporter au roi d’Angleterre Henri rv . les propositions des chefs du parti d’Orléans ou i d’Armagnac. 11 s’embarqua à Boulogne avec i tant de précipitation qu’il oublia ses papiers, qui furent saisis et portés à Charles VI. A partir de cette époque, Legrand disparaît de l’histoire. On a prétendu, mais sans aucun fondement, j qu’il devint le confesseur de Charles VU. On a de Jacques Legrand : Le Livre des bonnes Mœurs, dédié à très-noble prihee et redoubté seigneur Jean , fils de roi de France, duc de Berry et d’Auvergne ; Chablis, 1478, in-fol. ,./ gothique ; traduit en anglais par William Caxton,r "Westminster, 1487, in-fol., gothique. Ces deux ! éditions sont très-rares ; — Sophologium ex : antiquorum Poetarum, Oratorum atquePhi-

(1) Voici comment Juvénal des Ursins raconte cet in-r cident : « En ce temps on parloit fort de la reyne et ded monseigneur d’Orléans, et disoit-on que c’estoit par euxj que les tailles se faisoient, et que les aides couroient et levoient, sans ce que aucune chose en fust mise et em-i ployée au faict de la chose publique, et assez hautement par les rues on les maudissolt, et en disoit-on plusieurs paroles. La reyne en un jour de teste voulut oiiyr un sermon , et y eut un bien notable homme, lequel à ceiÇ faire fut commis. Lequel commença à blasmer la reyne en sa présence, en parlant des exactions qu’on laisoit : sur le peuple , et des excessifs eslats qu’elle et ses femmes» avoient et tenoient ; et connue le peuple en parloit en diverses manières, et que c’estoit tuai fait, dont la reyne fut très-mal contente. Et le dit prescheur, en s’en retournant de la prédication , fut remontré d’aucuns hommes et femmes de la cour, et luy dirent qu’ils estoient bien esbahis comme il avoit ozé ainsi parler. El il respondit, qu’encures estoit-il plus esbahi comme on ozolt faire les fautes et péchez qu’il avoit dit et déclaré ’ Et en s’en allant outre, il rencontra encores un auir«  homme, qui luy dit en jurant le sang de Notre-Seigneur, que qui le croiroit qu’on l’invoyerolt noyer. Et le bot homme dit : il n’en faudroit qu’un autre de telle volont» 1 que tu es, avec toy, pour hàre un grand mal Ladite prédication vint à la cognolssaoce du roy, et luy rap porla-on plus pour mettre à indignation le bon-homme que autrement. Et dit le roy qu’il le vouloit oiiyr près cher, et fut ordonné que le jour de la l’entecoste 11 presoheroit. Lequel prescha, et prit son thème : Spiri ’ tus sanctus docebit vos omnem veritatem Et le déduisi bien grandement et notablement. Et s’il avùrt parlé ei la présence de la reyne des grands péchez qui couroient encores en parla-il plus amplement et largement en I : présence du roy, et fit tant que le roy fut content , et s luy fit donner aucune legere somme d’argent. » (Histoire de Charles VI, p. 435, édit. Michaud.)