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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/144

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porte secrète dans la rue Saint-Nicaise. — Il vient, je m’élance sur lui, il crie, mais, le saisissant fortement par derrière, je lui plonge le poignard dans le cœur..., et la parure est à moi ! — Cela fait, j’éprouvai une tranquillité, un contentement intérieur, dont je n’avais pas encore eu l’idée. Le spectre avait disparu, la voix satanique se taisait. Je compris alors ce qu’exigeait de moi ma mauvaise étoile, je sentis qu’il fallait lui céder ou mourir !

» ”Tu conçois à présent, Olivier, toute ma conduite. — Ne crois pas que, parce que je suis réduit à faire ce dont je ne puis pas m’abstenir, j’aie abjuré tout à fait ce sentiment de compassion et de pitié inhérent à la nature de l’homme. Non, tu sais avec quelle peine je consens à livrer mes ouvrages, tu sais que je refuse absolument de travailler pour certaines personnes qu’il me serait odieux de voir dévouées à la mort, et que souvent même je me contente de terrasser, d’un solide coup de poing, le possesseur de mes bijoux pour m’en rendre maître, bien que je sache qu’il faudra le lendemain du sang pour chasser l’obsession de mon fantôme.”

» Après avoir ainsi parlé, Cardillac me conduisit dans le caveau secret, et me laissa voir la collection de ses magnifiques joyaux. Le roi n’en possède pas une plus nombreuse ni plus riche. Près de chaque parure était un petit billet, indiquant exactement pour qui elle avait été faite, et quand elle avait été reprise, soit par larcin, soit à l’aide d’une attaque nocturne, soit après un meurtre. — “Le jour de tes noces, me dit Cardillac d’une voix sourde et solennelle,