Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/215

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un cabinet d’observations astronomiques garni de télescopes et de tous les appareils nécessaires. De là, pendant le jour, il prenait plaisir à suivre la marche des navires, qui souvent passaient à l’horizon en déployant, comme des oiseaux de mer, leurs ailes blanchâtres, et il consacrait les nuits les mieux étoilées à des travaux astrologiques, dans lesquels l’assistait le vieux majordome. Tant qu’il vécut, du reste, il passa généralement pour être adonné aux sciences occultes et à la prétendue magie noire, et le bruit courait qu’il avait été expulsé de Courlande par suite d’une opération cabalistique avortée, mais qui avait lésé de la manière la plus grave des membres d’une famille princière.

En effet, la moindre allusion, relative à son séjour dans cette province, lui causait une sorte de terreur. Mais lui attribuait exclusivement ses anciens malheurs et toute la fatalité de sa destinée à l’abandon du château de ses pères, dont il faisait un crime à ses prédécesseurs. Or, pour rattacher au moins désormais le chef de la famille a cette propriété provenant de leur souche, il la constitua en majorat, avec l’agrément du prince, qui confirma l’acte d’autant plus volontiers que cela inféodait à la province une famille illustrée par ses vertus chevaleresques, et dont plusieurs branches déjà se propageaient à l’étranger.

Toutefois ni le seigneur Hubert, fils de ce Roderich, ni le possesseur actuel du majorat, nommé aussi Roderich comme son grand-père, ne résidèrent à son exemple dans le château de R....sitten, et