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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/259

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engagé dans une intrigue d’amour illicite et criminelle, qui devait avoir pour résultat quelque horrible catastrophe ! Les avertissements de mon grand-onclé me revinrent à l’esprit comme une menace : que devais-je faire ? — Ne plus la voir ? cela était impossible tant que je resterais au château, et le quitter pour retourner à K...., je ne m’en sentais certainement pas le courage. J’étais trop fasciné pour me réveiller de ce songe flatteur qui m’enivrait d’un amour imaginaire !…

Adélaïde me paraissait presque une vile entremetteuse, et je m’efforçais de la mépriser. — Pourtant, en réfléchissant davantage, il fallait bien avoir honte de ma sottise. Que s’était-il passé durant ces soirées délicieuses qui eût pu établir entre moi et Séraphine une autre intimité que celle permise par les convenances ? Comment pouvait-il me venir à l’esprit que j’eusse inspiré le moindre sentiment à la baronne ? et cependant le danger de ma position me paraissait évident.

On se leva de table plutôt que de coutume, parce qu’on avait le projet de chasser aux loups qui s’étaient montrés dans le bois de pins tout près du château. Dans ma disposition irritée, la chasse me convenait à merveille ; je déclarai à mon grand-oncle que je voulais m’y joindre, il sourit d’un air satisfait, et me dit : « À la bonne heure ! tu fais bien de te mettre une fois de la partie. Moi, je reste à la maison : tu peux prendre mon arquebuse et te munir aussi de mon couteau de chasse ; c’est une