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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/265

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la peine de la prison, du moins la punition honteuse, infligée aux gardes-chasse, de suivre la chasse avec un bâton à la main au lieu de fusil. Or, comment ne verrai-je pas moi-même avec une appréhension pénible ces chasses toujours périlleuses, et auxquelles le baron, malgré ses prévisions funestes, se livre pourtant avec tant d’ardeur, comme pour braver le mauvais génie qui jette sur son existence un souffle empoisonné. — On raconte bien des choses extraordinaires sur l’aïeul fondateur du majorat, et je n’ignore pas que ce château recèle un terrible secret de famille, qui, tel qu’un revenant diabolique, poursuit le propriétaire, et ne lui permet de séjourner ici que par courts intervalles, au milieu du fracas tumultueux qui y régne. Mais moi ! combien ne dois-je pas être ici triste et solitaire, et comment pourrais-je me soustraire à la sombre et mystérieuse influence qui pèse sur ces murs. C’est à vous, cher Théodore, c’est à votre art que je dois les premiers moments de plaisir que j’aie goûtés ici : comment puis-je vous en remercier assez gracieusement ? »

Je baisai la main que me tendait Séraphine, et je lui dis que moi aussi, le premier jour, ou plutôt la première nuit aprés mon arrivée, j’avais éprouvé la même terreur mystérieuse, ou plutôt une horreur profonde dans cet étrange séjour ; et tandis que j’attribuais vaguement ces inspirations de crainte à la construction bizarre du château, et surtout à la décoration gothique de la salle d’audience et aux sifflements orageux du vent, la baronne me regarda fixement. Il se peut que malgré moi l’ensemble de