Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/271

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porte sur le nez, et la ferma en dehors à double tour. Dans le premier mouvement de fureur, je voulais enfoncer la porte ; mais, promptement ravisé sur les funestes conséquences d’un pareil éclat, je me déterminai à attendre le retour de mon oncle, bien résolu d’échapper alors, coûte que coûte, à sa surveillance.

J’entendis le baron parler violemment à mon grand-oncle et prononcer plusieurs fois mon nom sans que j’en comprisse le motif. Chaque minute, chaque seconde ajoutait à mon anxiété. À la fin, je crus deviner qu’on apportait une nouvelle au baron, qui s’éloigna précipitamment. Mon grand-oncle rentra dans la chambre. « Elle est morte ! m’écriai-je en m’élancant au-devant de lui. — Et toi tu es fou ! répliqua-t-il tranquillement en me faisant asseoir de force sur une chaise. — Je veux descendre ! dis-je de nouveau, je veux la voir, quand il devrait m’en coûter la vie ! — C’est cela, cher cousin. » En disant ces mots, mon grand-oncle retira la clef de la porte et la mit dans sa poche.

Une rage furieuse s’empara de mes sens. Je saisis mon arquebuse chargée en m’écriant : « Ici, devant vos yeux, je me fais sauter la cervelle, si vous ne m’ouvrez pas cette porte à l’instant même ! » Alors mon grand-oncle s’approcha toul près moi, et en fixant sur moi un regard pénétrant, il me dit : « Jeune homme ! imagines-tu devoir m’effrayer avec cette misérable menace ? penses-tu que ta vie ait la moindre valeur à mes yeux, du moment où tu serais capable de la sacrifier an caprice de ta folie, comme