Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/291

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passées, et me glacer d’un frisson mortel, ainsi que l’aurait fait quelque apparition du monde invisible. En ouvrant un jour un portefeuille dont je m’étais servi à R....sitten, il tomba du milieu des feuillets un ruban blanc, dont l’extrémité nouait une boucle de cheveux noirs que je reconnus à l’instant même pour ceux de Séraphine !

Mais en examinant le ruban de plus près, j’aperçois distinctement l’empreinte d’une goutte de sang ! — Peut-être que, dans ce moment d’aveugle délire auquel je m’étais livré le dernier jour, mademoiselle Adelheid m’avait adroitement mis ce doux souvenir entre les mains : mais pourquoi cette tache de sang, à laquelle je devais attacher quelque pressentiment terrible ? pourquoi ce gage en quelque sorte trop pastoral, en souvenir affligeant d’une passion qui aurait pu avoir de si tragiques résultats !

C’était ce ruban blanc que j’avais senti voltiger comme avec enjouement sur mon épaule, la première fois que j’avais approché de Séraphine, et qui maintenant m’apparaissait, dans ma sombre tristesse, comme un présage de mort ! — Non, jeune homme ! oh ! garde-toi de jouer avec l’arme dont tu ne peux calculer le danger !


Enfin les orages du printemps avaient cédé à l’influence ardente de l’été, et le mois de juillet fut signalé par une chaleur non moins excessive que le froid qui l’avait précédé. Mon grand-oncle reprit ses forces à vue d’œil, et il alla s’installer, suivant son