Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/326

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avait été baptisé à Genève, comme fils dudit négociant Born et de son épouse légitime Julie de Saint-Val), ainsi que plusieurs lettres de son père à sa mère, morte déjà depuis longtemps ; mais toutes ces lettres étaient simplement signées d’un W.

Le justicier examina ces papiers d’un air mécontent, et dit ensuite, en les repliant, avec résignation : « Eh bien, à la grâce de Dieu ! »

Dès le lendemain, le baron Hubert de R*** présenta, par l’entremise d’un avocat qu’il avait choisi pour son conseil, une requête à la régence du district, où il ne réclamait rien moins que l’envoi immédiat en possession du majorat de R....sitten. Il était hors de doute, disait l’avocat, que ni par testament, ni par aucune espèce de contrat, le défunt baron Hubert de R*** n’avait pu disposer du majorat ; dès lors ce testament n’avait donc que la valeur d’une assertion par écrit et devant justice, tendant à établir que le baron Wolfgang avait laisse pour héritier du majorat un fils vivant encore ; mais le prétendant à ce titre ne fournissait aucune preuve authentique qui dût consacrer sa légitimité, à l’exclusion de tout autre, tandis qu’au contraire ses droits prétendus, comme héritier des biens et de la baronnie de R***, droits contre lesquels on protestait d’ailleurs formellement, devaient être prouvés par voie judiciaire. Le baron Hubert de R*** devait donc être investi du majorat, qui lui était échu par droit de succession. Le cas de mort transférant immédiatement la propriété du père au fils, l’entrée en jouissance de l’héritage ne pouvait souffrir aucun