Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/345

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

entre le père et le fils, le premier n’était pas apte à faire déchoir l’ainé de la famille de ses droits d’ainesse, ce qu’il n’aurait d’ailleurs jamais fait, d’après ses principes, quel qu’eût été l’excès de son aversion et de son ressentiment.

Ce ne fut qu’à l’occasion de l’intrigue nouée par Wolfgang, à Genève, avec Julie de Saint-Val, que Hubert entrevit un dernier moyen de perdre son frère, et de cette époque dataient ses intelligences avec Daniel pour inspirer au vieux baron, par de perfides menées, des résolutions et des mesures extrêmes qui devaient porter Wolfgang au désespoir.

Il savait qu’une alliance avec l’une des plus anciennes familles du royaume pouvait seule, aux yeux du vieux Roderich, assurer à jamais l’éclat du nouveau majorat. Le vieillard avait lu cette union désirée dans le cours des astres, et toute rébellion criminelle contre les constellations ne pouvait que devenir fatale à son institution. D’après cela, la liaison de Wolfgang avec Julie paraissait au vieux baron un attentat criminel dirigé contre les décrets de la puissance souveraine qui l’avait assisté dans ses entreprises terrestres ; et il devait regarder comme légitime chaque plan conçu pour perdre cette Julie, qui, tel qu’un esprit malfaisant, venait se jeter à l’encontre de ses plus chères illusions.

Hubert connaissait tout l’amour que son frère ressentait pour Julie, amour si passionné, si frénétique, que la perte de sa bien-aimée lui aurait porté le coup le plus funeste, et peut-être l’aurait conduit