Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/36

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voix douce et touchante, organe des purs sentiments du cœur le plus noble et le plus tendre ?

Bien loin de là, le chevalier sentit sa conscience en proie à tous les tourments et aux angoisses de l’enfer. Comme revenu d’un songe, il crut voir dans la jeune fille l’ange de la vengeance divine dissipant d’une main radieuse les voiles épais qui le fascinaient au gré d’une puissance fatale, et sa criminelle conduite lui apparut dans une nudité repoussante et exécrable. — Pourtant du fond de ce sombre abîme, dont les terreurs glaçaient l’âme du chevalier, surgissait un rayon pur et brillant, semblable à un reflet de la splendeur éternelle, au présage visible d’une béatitude infinie. Mais l’éclat de cette vision ajoutait encore à l’horreur de son supplice intérieur.

Le chevalier n’avait pas encore connu l’amour. Au moment où il vit Angela, il éprouva en même temps l’émotion profonde d’une passion irrésistible, et l’inexprimable douleur du plus morne découragement. Car pouvait-il rester une ombre d’espoir à l’homme qui s’était révélé sous l’image du chevalier devant ce pur enfant du ciel, la gracieuse Angela !

Le chevalier voulut parler, il ne le put pas, comme si une crampe soudaine eût enchaîné sa langue. Enfin il rassembla ses esprits et bégaya d’une voix tremblante : « Signor Verlua, écoutez-moi ! — je ne vous ai rien gagné…, rien du tout…, voici ma cassette ; — elle est à vous : — Non, il faut… que je vous rende davantage… encore ; — je suis votre débiteur. Prenez, — prenez… — Ô